mercredi 16 mai 2012

Lettre au nouveau ministre de l’Education: à quand la remise en cause du “collège unique”?

 

Monsieur Peillon,

Je commencerais par vous souhaiter beaucoup de courage devant le vaste chantier qui vous est offert, ministre de l’Education est un poste maudit, on le sait. Difficile de réformer l’Education alors qu’il faut des changements. On nous promet du renouveau, de la réussite pour tous et j’ai envie d’y croire. Je suis professeur de français, de ceux qui aiment leur métier et qui pensent compter. Je crois en l’Ecole comme vecteur d’égalité des chances. J’ai envie d’aider mes élèves à devenir des citoyens, des êtres indépendants qui comprennent la société dans laquelle ils vivent, qui s’interrogent sur le monde qui les entoure. Mon rôle n’est pas d’enseigner à une élite, je suis là pour éveiller des esprits, aider des adolescents à trouver leur place. Le public que j’ai face à moi n’est pas toujours facile sans être réellement hostile. Longtemps TZR (remplaçante), j’ai enseigné dans différents établissements avec de joli sigle: APV, PEP 4, ZEP etc… Je reviendrais une autre fois sur le sort réservé aux jeunes professeurs débutants…

Aujourd'hui, est nommé avec vous un ministre délégué à la réussite éducative… Est-ce à penser que l’éducation nationale n’est pas censé s’occuper de la réussite de tous… Toutes les instances de l’éducation doivent œuvrer pour la réussite des élèves: la gestion du personnel, des locaux, du budget, tout doit être centré autour de la réussite des enfants. Nous faisons un métier de service public. D’autre part, soigner ses enseignants, c’est aussi aider les élèves à réussir.
On peut aussi s’interroger sur la notion de réussite. Ces dernières années, nous avons vu fermer de nombreuses filières d’orientation, préférant garder l’élève dans le collège unique. Aucun parti politique ne remet en cause cette organisation alors que sur le terrain, nous savons que certains élèves n’ont pas les capacités, d’autres n’entrent pas dans le système scolaire ou le rejettent et mériteraient d’être orientés dès la quatrième ou la troisième. On n’est pas tous fait pour le système scolaire. Il faut davantage de passerelles. Que faire d’un adolescent en échec scolaire, qui veut être plombier, qui se révèle être doué dans son domaine mais qui doit attendre la fin de sa troisième pour obtenir une formation. Le collège unique nie les difficultés et les différences entre les élèves. La fermeture des troisième d’insertion et des quatrième aide et soutien nous oblige à garder dans les murs des enfants qui rêvent d’en sortir. Ils deviennent souvent absentéistes en troisième et se retrouvent sans aucun projet à la fin du collège. Réussir ne signifie pas toujours avoir d’excellents résultats scolaires. Les SEGPA (section d’enseignements général et professionnel adapté) qui s’adressent aux élèves présentant des difficultés cognitives, sont de moins en moins nombreuses. Comment permettre à 10 profils différents réunis dans une même classe de réussir?

Enfin Monsieur le ministre, je vous invite à vous confronter aux réalités du métier. Venez nous voir, rencontrez nous, remettez peut être en cause vos grands principes pour être plus proche de la réalité. Nous sommes nombreux à être confronté à l’échec scolaire mais nous sommes impuissants car nous n’avons aucun champ d’action. Faites nous confiance et aidez-nous à œuvrer pour la réussite de tous.

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